Du 29 février au 10 mars 2024, le Collectif Mobilité interrogeait pour la première fois 2502 Franciliens au sujet de leurs pratiques, perceptions et projections vis-à-vis des transports en commun.
En 2023, les niveaux de fréquentation des transports en commun en Île-de-France ont été proches de ceux comptabilisés avant la pandémie de covid. En attendant les chiffres officiels, on peut supposer que les niveaux de fréquentation de 2019 ont été égalés, voire dépassés en 2024, au cours d’une année riche en aboutissements et évènements : Jeux de Paris de 2024, prolongements de lignes, et volontés de retour au bureau de la part de certaines entreprises.
Les transports collectifs constituent la colonne vertébrale incontestable des mobilités dans la région. Les futures extensions du réseau et les nouveaux projets (Grand Paris Express, RER E prolongé à l’ouest, cars express) vont permettre des gains de temps de trajet, notamment pour les trajets de banlieue à banlieue, une désaturation du réseau et un confort accru.
Pour autant, le secteur des transports en commun est en perpétuel mouvement et des transformations de fond se sont opérées ces dernières années, modifiant les habitudes de déplacements d’une partie des usagers. Cette enquête met en évidence ces changements. Une partie sont conjoncturels, le développement du télétravail et les autres structurels, l’essor du vélo dans les déplacements domicile-travail.
Des changements de pratique chez certains types d’usagers des transports collectifs
Ces dernières années, l’usage des transports en commun a connu deux principaux changements.
Le premier changement est conjoncturel, c’est l’essor du télétravail, qui est venu modifier les usages d’une partie des salariés qui le pratiquent. En effet, les répondants télétravailleurs indiquent le télétravail comme un motif de modification des pratiques de déplacement de manière bien plus importante que les non-télétravailleurs.
Le second changement est plus structurel. L’essor du « vélotaf » à savoir, utiliser le vélo comme mode de déplacement pour tout ou une partie de son trajet entre le domicile et le lieu de travail, à connu une progression depuis 2020. Si la proportion de « vélotafeurs » reste modeste, par rapport aux usagers des transports en commun, 55,7% d’entre eux déclarent réaliser leurs trajets moins souvent en transport en commun depuis 4 ans. On observe ce phénomène particulièrement chez les habitants de Paris et de la petite couronne.
De nouvelles manières d’utiliser les transports en commun
L’enquête montre que les répondants usagers des transports en commun d’Île-de-France ont eu tendance ces dernières années à ajuster et leur utilisation des transports en commun. 17% des répondants les utilisent davantage et 27% les utilisent moins par rapport à une utilisation passée. Par ailleurs, on note que près des ¾ des utilisateurs des TC d’IDF utilisent les transports chaque semaine.
En outre, l’enquête met en avant que 32% des répondants adaptent leurs pratiques de déplacements les jours où les transports sont plus fréquentés. Le télétravail a conduit à des adaptations des habitudes de déplacements chez les actifs. Parmi eux, 13% décalent leurs horaires de travail pour voyager en dehors des heures de pointe. 5% ne se déplacement pas certains jours et 14% utilisent parfois un autre mode de transport, principalement le vélo et la voiture personnelle.
Un décalage entre la perception de la tarification et l’usage
Ensuite, l’enquête nous apprend que le prix influence la pratique des transports en commun. Pour les usagers comme pour les non-usagers, un consensus existe pour dire que le prix des tickets n’est pas adapté à la variété des usages des TC (-48), en particulier pour les usagers occasionnels (-59) et réguliers (-44) plus que chez les utilisateurs quotidiens (-15). La même tendance ressort pour les abonnements (-38). La question de forfaits plus adaptés à leurs déplacements semble émerger. A noter que depuis le 1er janvier 2025 les tarifs des tickets ont été unifiés peu importe la distance à parcourir. Une prochaine enquête permettra de mesurer l’évolution de cet indicateur en prenant en compte cette nouvelle donne.
Cependant, malgré une perception du coût élevée des transports, ces derniers sont tout de même jugés plus compétitifs que les autres modes. Pour les répondants qui ont augmenté leur usage des transports en commun, la motivation économique revient au premier plan.
Changer la perception pour encourager une adoption plus large
Ensuite, l’imaginaire et les représentations vis-à-vis des transports en commun franciliens conservent une importance dans la manière dont ils sont perçus par une partie des répondants. On constate que les non-usagers ont une perception moins positive des transports en commun que les usagers, preuve que des représentations négatives persistent. Ce sont les seuls à trouver que les transports en commun ne sont pas plus pratiques que la voiture (-68), à trouver que les transports en commun ne sont pas spécialement respectueux de l’environnement (-15) et, à ne pas trouver les systèmes de validation facile à utiliser (-21). Ils sont également largement plus sévères sur les critères de propreté et de sécurité que les usagers qui empruntent réellement les transports.
Le Grand Paris Express : une perspective positive pour près de 57% des répondants de petite couronne
Pour finir, les transports en commun, restent important lors du choix du lieu de résidence. Pour 67% des répondants, la proximité d’un arrêt de transport en commun est un critère déterminant dans le choix du lieu de résidence. Une accessibilité optimale aux services de transports collectifs peut grandement influencer les usages. La cohérence entre urbanisme et accès aux transports est primordiale pour garantir une attractivité et une accessibilité, notamment en petite couronne où seuls 1/3 des répondants déclarent habiter à moins d’1 km d’une station de transports en commun ferrée (RER-train, métro, tramway).
Le Grand Paris Express va amorcer un remodelage des déplacements de nombreux répondants. Ainsi, pour 43% des d’entre eux, les nouvelles lignes de métro et les prolongements vont impacter positivement leurs déplacements du quotidien. Pour 57% des répondants qui habitent la petite couronne, le Grand Paris Express va avoir un impact sur leur mobilité. Pour 1 habitant de petite couronne sur 5, le GPE va avoir un impact significatif, tandis que pour 37% l’incidence sera plus limitée. Quant aux projets de cars express, pensés pour desservir en priorité la grande couronne Francilienne, 1 répondants sur 4 de grande couronne considère qu’ils peuvent faciliter leurs déplacements à l’avenir.
(1) Dans cette enquête, nous avons demandé aux répondants de donner leur perception, sur une échelle de 0 à 10, sur toute une série de questions liées à l’usage des transports en commun. Sur cette base, nous avons élaboré un indicateur de perception, compris entre +100 et -100, permettant de caractériser la perception d’un groupe de personnes. Le +100 indique une perception tout à fait favorable et le -100 tout à fait défavorable. Cet indicateur plus fin qu’un simple « oui ou non », nous permettra de suivre l’évolution de l’opinion des répondants à nos enquêtes, dans le temps.
(2) L’enquête distingue trois niveaux d’utilisateurs des transports en commun : les usagers quotidiens (4 à 7 jours de pratique par semaine), les usagers réguliers (1 à 3 jours de pratique par semaine) et les usagers occasionnels (moins de 1 jour de pratique par semaine).
Le Collectif Mobilité remercie encore tous les répondants pour leur participation à cette enquête !
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