Du 29 février au 10 mars 2024, le Collectif Mobilité interrogeait pour la première fois 2502 Franciliens au sujet de leurs pratiques, perceptions et projections vis-à-vis des transports en commun.
Depuis quelques années, certaines statistiques mais aussi des ressentis indiquent que les transports en commun ont perdu en fréquentation. Cette enquête confirme une perte d’attractivité des transports collectifs post-covid auprès de ses usagers. Cette baisse est essentiellement liée à deux nouvelles tendances. L’une conjoncturelle, avec le fort développement du télétravail et l’essor de la pratique du vélo. L’autre structurelle, liée à la baisse de qualité de service qu’ont connu les transports collectifs pendant un temps.
Pour autant, les transports collectifs constituent toujours la colonne vertébrale incontestable des mobilités dans la région. Les futures extensions du réseau et les nouveaux projets (Grand Paris Express, RER E à l’ouest, cars express) vont permettre des gains de temps de trajet, notamment pour les trajets de banlieue à banlieue, une désaturation du réseau et un confort accru. L’image des transports en commun devrait donc s’améliorer pour attirer et constituer une alternative jugée comme fiable et attractive.
Des changements de pratique affectant l’usage des transports collectifs
Tout d’abord, l’usage des transports en commun est en mutation à cause de facteurs structurels et conjoncturels.
- Le développement du télétravail et le report vers le vélo affectent la fréquentation des transports collectifs
Du côté structurel, la diminution du nombre de déplacements est le premier facteur de baisse de l’usage des transports en commun, en particulier pour les télétravailleurs. Ce motif n’est quasiment pas évoqué chez les non-télétravailleurs. De plus, le fort report des transports en commun vers le vélo joue un rôle à Paris et en petite couronne, là où l’offre de transport collectifs est conséquente. En effet, 55,7% des « vélotafeurs », c’est-à-dire des cyclistes qui réalisent au moins une partie de leurs déplacements domicile – travail à vélo, ont diminué leurs usages des transports en commun.
- Le niveau de service au cœur des attentes
Du côté conjoncturel, l’après-pandémie a été marquée par une diminution de la qualité de service des transports en commun pour les répondants. Ils sont 52% d’entre eux à trouver que la situation s’est dégradée dans leurs déplacements transports en commun depuis 5 ans. En effet, le niveau de service des transports en commun a mis du temps à revenir à son niveau d’avant pandémie. Les répondants à notre enquête déclarent que les deux facteurs qui les encourageraient le plus à utiliser davantage les transports en commun sont une amélioration de la fréquence et de la ponctualité.
De nouvelles manières d’utiliser les transports en commun
L’enquête montre que la diminution de l’utilisation des transports en commun est la conséquence de nouveaux usages. En effet 27% des individus ont diminué leur pratique des transports collectifs contre 17% qui l’ont augmenté. On observe que près de la moitié des répondants utilisent les transports en commun 1 à 3 jours par semaine et 27% 4 à 7 jours par semaine.
En outre, l’enquête met en avant que 32% des répondants adaptent leurs pratiques de déplacements les jours où les transports sont plus fréquentés. Le télétravail a profondément transformé les habitudes de déplacements des actifs, réduisant la nécessité des trajets quotidiens aux heures de pointe. Parmi eux, 13% décalent leurs horaires de travail, 5% ne se déplacent pas sur ce jour ou sur ces horaires et 14% utilisent un autre mode de transport, principalement le vélo et la voiture.
Un décalage entre la perception de la tarification et l’usage
Par la suite, l’enquête nous apprend que le prix influence la pratique des transports en commun. Pour les usagers comme pour les non-usagers, un consensus existe pour dire que le prix des abonnements n’est pas adapté à la variété des usages des TC (-38) (1), en particulier pour les usagers occasionnels (2) (-57) et réguliers (-34) plus que chez les utilisateurs quotidiens (-15). La question d’un forfait plus adapté à leurs déplacements semble émerger. Cependant, malgré cette perception élevée du coût des transports, ces derniers restent plus compétitifs que les autres modes de transports. Pour les répondants qui ont augmenté leurs usages des transports en commun, la motivation économique revient au premier plan.
Changer la perception pour encourager une adoption plus large
Ensuite, les non-usagers et les usagers occasionnels ont une perception plus négative des transports en commun que les usagers quotidiens et réguliers, ce qui résulte d’une faible appétence : seulement 7% des répondants non-usagers ont l’intention de commencer à utiliser les transports en commun dans l’année à venir.
L’avis des non-usagers est souvent à contrecourant des usagers, preuve que des représentations négatives persistent. En effet, ce sont les seuls à trouver que les transports en commun ne sont pas plus pratiques que la voiture (-68), à trouver que les transports en commun ne sont pas spécialement respectueux de l’environnement (-15) et, à ne pas trouver les systèmes de validation facile à utiliser (-21).
Le Grand Paris Express : une perspective positive pour près de 57% des répondants de petite couronne
Pour finir, malgré une baisse de fréquentation, les transports en commun, restent un critère important lors du choix du lieu de résidence. Pour 67% des répondants, la proximité d’un arrêt de transport en commun est un critère déterminant dans le choix de la résidence. Une accessibilité optimale aux services de transports collectifs peut grandement influencer les usages. La cohérence entre urbanisme et accès aux transports est primordiale pour garantir une attractivité et une accessibilité, notamment en petite couronne où seuls 1/3 des répondants habitent à moins d’1 km d’une station de transports en commun ferrée (RER-train, métro, tramway).
Le Grand Paris Express va venir remodeler les déplacements de nombreux répondants. Ainsi, pour 43% des d’entre eux, les nouvelles lignes de métro et prolongements vont impacter positivement leurs déplacements du quotidien en particulier en petite couronne Francilienne. Pour 1 habitant de petite couronne sur 5, le Grand Paris Express va impacter significativement les déplacements, tandis que pour 37% des habitants de petite couronne il va aussi avoir une incidence plus limitée, sur les déplacements. Quant aux projets de cars express, pensés pour desservir en priorité la grande couronne Francilienne, 1 répondants sur 4 de grande couronne considère qu’ils peuvent faciliter leurs déplacements à l’avenir.
Tous ces projets vont entraîner de nouveaux le développement de nouveaux usages, un regain d’attractivité et une meilleure image, pour venir conforter les transports en commun Franciliens comme la colonne vertébrale indispensable des mobilités dans la région.
(1) Dans cette enquête, nous avons demandé aux répondants de donner leur perception, sur une échelle de 0 à 10, sur toute une série de questions liées à l’usage des transports en commun. Sur cette base, nous avons élaboré un indicateur de perception, compris entre +100 et -100, permettant de caractériser la perception d’un groupe de personnes. Le +100 indique une perception tout à fait favorable et le -100 tout à fait défavorable. Cet indicateur plus fin qu’un simple « oui ou non », nous permettra de suivre l’évolution de l’opinion des répondants à nos enquêtes, dans le temps.
(2) L’enquête distingue trois niveaux d’utilisateurs des transports en commun : les usagers quotidiens (4 à 7 jours de pratique par semaine), les usagers réguliers (1 à 3 jours de pratique par semaine) et les usagers occasionnels (moins de 1 jour de pratique par semaine).
Le Collectif Mobilité remercie encore tous les répondants pour leur participation à cette enquête !
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Cette enquête à été réalisée grâce aux participations des membres suivants. Un grand merci à eux.
